Végétarienne : un parcours de connaissance et de tolérance.
Publié le 16 Novembre 2016
Pour celles qui me connaissent et me suivent... je suis végétarienne (j'ai du mal à me dire vegan même si mon style de vie s'en approche beaucoup). Souvent, je lis des articles ou titres de magazines ou de blogs qui me font grincer des dents... mais je ne dis rien. Chacun a son point de vue et j'évite de donner le mien. Mais parfois, je sature... car dernièrement, je ne supporte plus de déjeuner en collectivité sous peine de me "manger" des remarques sur tout et rien.
Depuis plus de 40 ans, je suis veggie !
Et cela fait autant d'années de conneries à entendre... et c'est long. C'est lassant. C'est usant et horripilant tant d'intolérance et de bêtise.
"Tu fais ça pour ci... tu fais ça pour ça..." "Maque-brun" et autres joyeusetés... tout aussi blessantes qu'importunes qui font qu'au fil des années. On se retrouve à devoir justifier du fait qu'on ne mange pas de viande, de devoir se justifier de ses choix éthiques et autres... au lieu de déjeuner en paix comme on le souhaiterait.
J'ai résolu d'éviter toute invitation, toute sortie au restaurant avec des connaissances pour éviter les sempiternels commentaires déplacés sur le choix de mes repas ou aliments et aussi pour éviter de se retrouver dans un restaurant spécialisé en viandes alors qu'on a précisé ne pas en manger (cela m'est arrivé pour mon repas d'embauche il y a 18 ans... c'était bien la peine d'avoir demandé nos préférences alimentaires... je n'ai rien coûté à l'entreprise... ils ne mettaient même pas une feuille de salade en présentation).
Manger en paix !
Imaginez un instant qu'à chaque repas, on fasse tout un discours sur le contenu de votre assiette, sur le fait de ne pas manger de viande ceci cela... et j'en passe. Que violemment parfois, on vous demande de vous justifier, qu'on vous critique vertement alors que vous ne demandez rien à personne.
Vous en viendriez à détester aller déjeuner en collectivité. Ce fut mon cas depuis toute jeune et cela continue encore.
Qu'on me laisse manger en paix... est-ce que je vous fais remarquer le taux de gras et de cochonneries dans votre plat qui baigne dans la sauce ? Non, je vous laisse manger comme vous l'aimez... j'aimerais qu'on fasse de même pour moi.
Dernièrement, un de mes collègues m'a dit... "tu es la seule végétarienne que je connais à ne pas casser les pieds aux autres". Comprenez, que je ne fais aucune remarque sur ce que mangent les autres ni ne cherche à faire changer les gens de mode d'alimentation.
Alors, j'en connais qui auraient mal pris la remarque... mais cela m'a fait plaisir de sa part car il a saisi ma philosophie de vie et c'est suffisamment rare pour être souligné.
Que chacun fasse comme il le désire tout en respectant les choix des autres telle est ma vision.
Trop souvent et cela quelque soit son choix alimentaire, on se permet de juger, critiquer les autres... mais chacun vit son parcours comme il le souhaite et à son rythme... car c'est un choix de vie essentiellement. Cela doit vous correspondre intérieurement. C'est une démarche parfois de réflexion, d'écoute de soi et de ses besoins. Revenir à l'essentiel pour se sentir bien.
Pourquoi suis-je veggie...
J'ai choisi ce mode d'alimentation à la base et cela très jeune car je n'aime pas la texture de la viande ni son goût... c'était une torture en colonie de vacances de ne pas avoir le droit de sortir de table tant que l'on avait pas mangé sa "semelle" de viande !
De cette époque est venue ma décision : désormais je ne mangerais que ce que j'aurais décidé moi et pas les autres ! Nul ne doit forcer quelqu'un à manger ce qu'il déteste.
Ma famille proche, ne m'a jamais jugé ni critiqué. Ils m'ont laissé faire mes choix.
J'ai eu cette chance que d'avoir des parents intelligents qui m'apprennent que respecter l'autre est important. Etre différent n'est pas une tare, mais une force.
J'ai choisi jeune de cuisiner pour moi car si on mange différemment, on doit donc faire ses repas soi-même.
Je ne prône rien... je ne revendique rien. Je fais juste part de mon parcours de végétarienne... oui je ne mange pas de viande, oui cela m'écoeure toutes les maltraitances animales... mais je ne jetterais pas la pierre à ceux qui sont "carnivores" car c'est leur choix de vie.
Un paradoxe... culinaire.
Cuisiner m'a rendu très critique sur la qualité des aliments, sur leur cuisson et association... ainsi je ne supporte pas des aliments baignant dans de la sauce ou du jus. Ainsi la margarine, l'huile de coco pour la cuisson ne me servent quasiment pas.
Tout doit être doré (à sec)... même mon tofu cuit à sec. Ce qui est couvert de sauce, est suspect pour moi... la sauce dans les plats industriels sert à masquer les aliments de moindre qualité.
Ce qui est bon, se suffit à lui-même. Plus le temps passe et plus je cuisine simple : en recherche de saveurs avant tout. Je n'ai ni sel ni poivre chez moi... juste une tonne d'herbes condimentaires et d'épices variés qui remplacent sans aucun souci le sel (personnellement, le thym remplace le sel dans mes plats).
J'ai une autre manie : mes plats doivent être colorés. Les légumes aident bien. On mixe les carottes de couleurs différentes, les pois, les fèves, les tomates... Et mes soupes doivent être monochromes : 1 couleur seulement. Je n'aime pas les soupes avec des morceaux et des couleurs fadasses indéfinies... 1 couleur gaie : jaune (carottes jaunes, maïs, poivrons), orange (potiron, carotte), verte (pois cassés, épinards) pour donner envie de manger.
Devenir veggie en 10 jours... mais bien sûr !
C'est un parcours de vie, de choix et surtout de connaissance... car il faut s'informer pour apprendre comment équilibrer ses repas pour apporter des protéines entre autre.
Alors, dire qu'en 10 jours tout a tout saisi... je n'y crois pas. Et ça me fait grincer des dents.
Oui, c'est plus simple aujourd'hui de devenir veggie.
Les plats végétariens déjà cuisinés sont vendus en commerce... on trouve plein d'aliments variés dont des céréales et du tofu.
Mais dans les années 70 ou 80... à part les "hippies" comme on les appelait et quelques commerces peu séducteurs qui vendaient des plantes pour mincir et des fromages de chèvre... eh bien, on ne trouvait pas grand chose et c'était à prix d'or. Le bio, n'était encore qu'une lueur lointaine... personne n'en parlait. Quand au tofu... inconnu au bataillon. Personne ne mangeait "sans viande" autour de moi et donc personne ne pouvait me guider... pas d'ouvrages accessibles à une jeune fille... donc on improvise comme on peut avec ce qui existe comme aliments de base.
Dans les décennies suivantes... nous étions les parias, les mange-merdes comme on nous appelait... ceux qui ne mangent rien et chipotent... Aux repas de famille, tu finissais le ventre vide car en dehors des charcuteries et viandes, la verdure ne servait qu'à décorer... quand aux céréales c'était pour les poulets.
Côté lecture et informations... hormis les rares boutiques d'illuminés du bio qui attiraient les foules avec des cours de yoga... eh bien... on ne savait pas grand chose. Résultat, on se débrouillait comme on pouvait car souvent cela coûtait cher d'obtenir des produits bio et des produits pour éviter les carences... quand aux laits végétaux, il ne fallait pas trop y penser... ils étaient difficiles à trouver.
Et un jour, internet vit le jour !
L'information venue des pays anglo-saxons nous a bien aidé. Certes les photos de plats étaient moches (sombres, peu ragoûtantes) et me semblaient pas très glamours. On avançait à l'aveuglette en suivant les recettes et par chance, ils ne présentaient que des aliments classiques... pas comme aujourd'hui.
Mais avec les années 2000, j'ai pu enfin faire mon shopping en ligne ou en Biocoop.
A moi les céréales pour agrémenter les plats. Fini le règne de la patate et des féculents. Le millet, le quinoa venaient à mon secours. La renaissance des papilles était venue.
L'ère de la surenchère de produits "mode" à dénicher (le kale voici quelques années, les superfoods avec l'açaï, le cranberry, la grenade...) a commencé... à qui inventera la recette la plus bobo. Cela devient chic d'être veggie et bon si on hésite on se fera flexitarien (un jour veggie, un jour viande).
Chic, bobo ou pas... à chacun sa motivation.
Si cela peut faire découvrir des façons de cuisiner différentes et amener certains à repenser leur façon de consommer. Moins de viande, plus de céréales et légumes... pourquoi pas.
Avec la fin de la seconde guerre, la consommation de viande a augmenté et nous avons changé nos habitudes de consommation : nous apportons des aliments raffinés (comprenez industriels) avec des produits que notre organisme a du mal à destocker et à drainer. Trop de gras et de sucre aussi que l'organisme peine à assimiler.
Peu savent encore cuisiner les petits plats traditionnels... on a tous peu de temps et on consomme "fast" et rapide. Avec le végétarisme, on redécouvre les aliments de base et on apprend à cuisiner en préservant les vitamines et les saveurs. On réapprend à s'approprier des recettes oubliées, des légumes aussi... cela prend du temps l'air de rien. Mais quel plaisir de savoir ce que l'on consomme !
40 ans à apprendre...
Valérie Cupillard, Marie Chioca, Ella Woodward et j'en passe nous ont ouvert les voies de la délectation culinaire végétarienne, vegan et sans gluten.
J'ai eu le plaisir de tester les recettes de blogueuses comme Melle Pigut, Pascale Stretti... et j'en oublie.
Je continue de m'informer sur les aliments, sur les associations, sur les saveurs... car on ne sait pas tout en 10 jours. La cuisine évolue, notre savoir également.
Ainsi, bien que je cuisinais sans gluten de temps en temps par plaisir...
J'ai choisi depuis 3 semaines de ne cuisiner sans gluten et cela a changé déjà une part de ma santé. J'ai beaucoup lu avant de me lancer... et surtout je suis suivie par une diététicienne qui est informée sur le sans gluten, ainsi je sais si je fais les bons accords.
En tant que végétarienne, le passage n'est pas si compliqué qu'on le pense... il faut juste revoir certaines céréales et les mettre de côté. Je grignote plus de fruits secs (ce n'est pas incompatible avec une perte de poids) et de fruits.
Côté améliorations :
Je me sent moins ballonnée, moins lourde, moins fatiguée, j'ai gagné en énergie, je récupére plus vite, le poids baisse un peu et j'ai moins mal aux articulations (je souffre d'arthrose). Les migraines persistent encore (elles sont moins fortes) mais il faut du temps pour voir les effets de façon plus générale.
Petite note : j'ai stoppé le mode d'alimentation sans gluten après plus de 3 mois d'expérience "heureuse" mais compliquée. Je vous explique cela :
Je suis quasiment vegan (j'aime tricoter la laine donc je ne suis pas vegan encore) et manger au dehors le midi faute de cafétéria cela devenait un peu le parcours du combattant.
Près du travail, on a une boutique So Good qui propose 1 seul menu végétarien sans gluten (quinoa et légumes au lait de coco, excellent mais succinct... on a faim 2 heures après) que les gentilles petites demoiselles de Wasquehal ont gentiment mis à la carte tous les jours pour me faire plaisir d'autant que l'une d'elle mange aussi sans gluten.
Parfois, je vais croquer un sandwich au fromage (pas du fauxmage, ils n'en font pas encore au supermarché) donc impasse sur le gluten... je tente de limiter la sortie de route à 1 fois par semaine (moi qui ne mangeait pas de pain cela me manque car j'ai testé toutes les marques de pain sans gluten... autant se passer de pain).
Santé : impeccable, récupération rapide, petit rhume vite enrayé alors que d'ordinaire je passe de la sinusite à la bronchite... rien cette année. Plus de douleurs ni migraines moi qui en avait souvent voir sans arrêt. Forme éclatante, 3 kg perdus. J'avais repris la course... en débutante.
Après 1 mois de reprise d'alimentation avec du gluten.
Constat, les douleurs sont revenues et permanentes depuis 2 semaines... même la nuit. Par chance, les migraines ne sont pas encore revenues donc je vais vite repasser au sans gluten pour voir si les douleurs stoppent à nouveau. Marcher est un exercice pénible et douloureux : genoux et chevilles bloqués et qui me lancent en permanence. Les kilos sont revenus en quelques jours sans manger plus. Je me sent lourde et gênée au niveau du ventre alors qu'avant j'étais agréablement bien.
Je repars donc en ce début mars sur du sans gluten... et rapido. Déjà un kilo reperdu en une semaine sans me restreindre. Les douleurs sont encore là... normal, j'ai zappé la phase detox (jus de citron dans de l'eau le matin, collation chia-fruits-lait vegetal, booster fruits et lait vegetal mixé au goûter).
Si j'avais un conseil à donner.
Que ceux ou celles qui veulent changer de mode d'alimentation pour devenir végétariens... prennent le temps de bien s'informer - quitte à consulter une diététicienne - afin de savoir comment équilibrer les repas. Ce sera mon seul conseil.
Ah si, un second conseil... comprendre que tout le monde ne peut pas forcement faire les mêmes choix.
Le respect pour base...
Je ne pense pas qu'on puisse éveiller les gens et les amener à mieux nous comprendre et à tester nos plats si on leur fait les critiques que nous aimerions ne plus entendre à notre sujet.
La tolérance est essentielle.
J'ai toujours vu mon père préparer les rôtis et viandes devant moi... Cela ne m'attirait pas mais je sais comment on cuisine une viande rien qu'en l'ayant vu faire quand j'étais jeune même si cela ne me sert pas. C'est mon père qui m'a appris indirectement le plaisir d'utiliser les herbes aromatiques et les épices en cuisine.
Alfafa
Si cela intéresse quelqu'un, je peux ajouter des listes d'ouvrages de base pour cuisiner veggie.
- Petit précis pour cuisiner sans produits d'origine animale / de Céline Steen (2013)
Ce livre explique les différents aliments végétaux qui peuvent remplacer le beurre et autres produits d'origine animale. Une vraie source d'informations. Quelques recettes.
- Cuisinez gourmand sans gluten, sans lait, sans oeuf / de Valérie Cupillard
- Bio, bon, gourmand... / de Valérie Cupillard
- Sans gluten naturellement / de Valérie Cupillard
- Laits et yaourts végétaux / Anne Brunner
Réaliser son lait d'avoine, d'avoine... ses yaourts de soja, crèmes et chantilly.
- Deliciously Ella / de Ella Woodward
Recettes sans gluten, sans sucre raffiné, sans lactose
Présentation des aliments à privilégier, du matériel préconisé, confection de laits végétaux...
Ensuite quelques livres chez Larousse présentent des recettes illustrées très intéressantes qui présentent les aliments utilisés pour chaque recette. Livres à petits prix (moins de 10 euros). Une belle source de renouveau pour nos plats.
Côté blogs :
- http://pigut.com/
- https://antigonexxi.com/
- https://deliciouslyella.com/
- http://www.biogourmand.info/
Je vous écrirais des articles tricot prochainement... je lis pas mal d'ouvrages anglo-saxons.